Les motifs de la décision qu’a rendue au nom de la Cour supérieure du Québec la juge Claude Dallaire le 18 avril 2018 comportent bien d’autres erreurs encore.
Y sont systématiquement confondus le législateur et le gouvernement, par exemple. S’y trouve aussi une inquiétante (et juridiquement fausse) assimilation du peuple à l’État (par. 517).
Les citations qu’ils contiennent ainsi que leurs notes de bas de page mériteraient d’être vérifiées, car il est déjà facile d’observer que la juge Dallaire peut très bien y citer «la Cour suprême» sans donner de référence (par. 234) alors qu’une recherche sommaire révèle qu’en fait la citation est imparfaitement extraite d’un arrêt de la Cour d’appel du Québec (Québec c. CDPJ, par. 38; je remercie Vincent Roy, étudiant en droit à l’Université Laval, de cette recherche documentaire), ou encore ne s’y appuyer que sur des débats de l’assemblée législative du Québec tandis qu’il s’agit de rendre compte d’une position qui est attribuée aux Nations Unies (par. 492, note 166).
Au sujet de la forme, il faut bien dire que, outre un style qui convienne peu à la rédaction d’un jugement, il est quelque peu irritant de lire un auteur dont l’emploi de l’italique ne sait pas distinguer le titre officiel d’un document des autres manières de le désigner. Mais il y a plus.
À plusieurs moments de la motivation de sa décision la juge se moque du demandeur. Sans qu’il ne soit raisonnable de la comparer à Shakespeare pour autant, la juge Dallaire le fait, entre autres et d’entrée, d’une manière qui n’est pas sans rappeler Le marchand de Venise : «Le vœu du citoyen Henderson sera certes exaucé, mais malheureusement pour lui, probablement pas dans le sens qu’il souhaitait.» (par. 30) Quelques paragraphes plus tôt, le demandeur avait d’ailleurs été prévenu dans les mots suivants : «le vœu du requérant, formulé lors de ses représentations devant la Commission parlementaire, qu’une « institution sérieuse » se prononce un jour sur la légalité de la Loi, est exaucé dans ce jugement». Or il m’est avis que, effectivement, le demandeur pouvait difficilement s’attendre, de la part de la Cour supérieure du Québec, à un jugement tel que celui qu’a rendu la juge Dallaire le 18 avril 2018, du moins en ce qui concerne sa motivation.